Un moulin à vent qui tourne… mais pas que pour le blé !
Mais qui aurait pu parier sur ce fantôme des campagnes laissé à l’abandon aux herbes folles depuis près d’un siècle ?
C’était sans compter sur l’implication passionnée de Fernand Platbrood, meunier et propriétaire du moulin de Tromcourt. Fraîchement rénové, il fonctionne pour le plaisir des visiteurs… mais aussi pour sa farine artisanale se vendant comme des petits pains !
Une vie passée au four et au moulin
Bâti sous Napoléon Ier au début du 19ième siècle, le moulin de Tromcourt produisait de la farine et servait d’étable pour du bétail.
«J’ai toujours été un véritable féru de patrimoine industriel. Je vous défie de me poser une question sur une quelconque invention de l’an zéro à notre ère ! Il y a de cela sept ans, le moulin était encore à l’agonie. Les travaux ont duré pendant trois ans et été financés exclusivement par des fonds privés. Avec ma femme, on a consolidé nous-mêmes les briques qui tombaient des murs. Je suis toujours attendri de penser que je laisserai une trace de mon passage à Couvin… » confie Fernand avec émotion.
Ce joyau agricole se dresse désormais fièrement dans la campagne couvinoise avec sa belle toiture et ses ailes en chêne de dix mètres. Une calotte montée sur un mécanisme permet une rotation à 360 degrés des ailes actionnant les meules de pierre destinées à moudre le grain, sa fonction première il y a de cela 150 ans peut-être.
Un moulin qui vaut désormais son pesant de farine
Depuis à peine un an et demi, le Couvinois produit sa propre farine. « Depuis le mois de mai dernier, on a dépassé la fabrication de sept tonnes de farine. Par exemple, pour la Chandeleur, on tournait autour de 800 kilos de farine en une semaine. Cette forte demande peut s’expliquer par la tendance des consommateurs au circuit court… Mais aussi avec la crise sanitaire, où avec le confinement et les problèmes d’approvisionnement, les gens ont davantage consommé local » précise-t-il.
Les propriétaires approvisionnent d’ailleurs quelques commerces de Couvin et ses environs. Ils sont quelque peu victimes de leur succès. Surtout qu’au moulin, tout se fait à la main : l’acheminement des céréales vers les meules, l’ensachage, la couture, etc. La production prend du temps et il est parfois difficile de répondre à l’ensemble de la demande.
Le reste du temps, ils ouvrent leurs portes aux visiteurs désireux de découvrir ce bijou rural. « Je suis toujours un peu amusé mais surtout tellement fier de recevoir des gens voulant repartir avec une photo d’eux et mon moulin en arrière-plan ! »
Un propriétaire qui veille au (bon) grain
Les céréales utilisées pour la production de leurs farines sont locales. Elles sont respectueuses de l’environnement et de haute qualité nutritionnelle. Lorsque les conditions climatiques le permettent, c’est le vent qui actionne les meules du moulin, ce qui réduit drastiquement l’empreinte CO2 de la mouture.
Ils ont six farines différentes et travaillent deux céréales : l’épeautre et le froment. Il y a trois tamisages : la « fine fleur » idéale pour la pâtisserie, la « bise » parfaite pour le pain complet, et « l’intégrale » pour de la chapelure ou encore des fonds de tartes. Ils commercialisent également le son dans les deux céréales.
« Nos produits sont certes plus chers que des farines industrielles de grande surface mais leurs qualités et leurs saveurs font LA différence ! Nos farines sont biologiques, dépourvues d’engrais chimiques et de produits phytosanitaires. Lorsque vous mangez un pain fait à base de farine artisanale, vous améliorez votre transit intestinal. Moins de ballonnements… Et surtout, vous êtes rassasiés après 2 tranches de pain ! »
Espérons juste que cette nouvelle clientèle apparue durant la crise leur restera fidèle. Et que le vent continuera de tourner pour le moulin et son propriétaire…