Dans ces jardins suspendus... Inaccessibles au public!
La Cité médiévale de Thuin compte 210 terrasses appartenant à plus de 70 propriétaires privés. Des espaces verts dignes de véritables jardins secrets.
“Certains propriétaires ont installé des ruches. D’autres cultivent des légumes, à l’image des potagers d’autrefois”, nous confie Elisa Collot, Présidente de l’ASBL Les Jardins Suspendus de Thuin. “Les jardins de 4,5 hectares sont créés au Moyen-âge dans le but de nourrir les habitants de la Ville haute, riches propriétaires”.
Parmi ces propriétaires privés, 80 % d’entre eux habitent Thuin et les environs. Beaucoup ont hérité d’un ou de plusieurs jardins suspendus par leur famille, sans toujours bien se rendre compte de l’intérêt du site. “Lors d’un recensement réalisé il y a 20 ans, on a appris à certaines personnes qu’elles possédaient des terrasses. Elles n’étaient pas au courant. ”
La commune ainsi que l’asbl “Les jardins suspendus de Thuin” disposent de quelques parcelles.
Des terrains en friche
L’ensemble du site est classé patrimoine exceptionnel de Wallonie en 1976. Malgré cette reconnaissance, l’entretien de chaque parcelle reste aux mains des propriétaires : à eux d’aménager les jardins tout en respectant les règles de l’urbanisme, propres au site. “Les propriétaires n’ont pas toujours les moyens, le temps, l’âge pour s’occuper de leurs parcelles, surtout que ces dernières sont généralement difficiles d’accès. Impossible d’y aller avec des machines, le travail est très physique”.
De plus, l’entretien des murs est très spécifique. “Tout comme les châteaux-forts, les murs ne peuvent pas être cimentés. Ils doivent être remontés selon les techniques de construction ancestrale.” Le coût de ces rénovations est souvent onéreux.
À côté du respect des constructions, il est également question
d’enjeux de faune et de flore. De nombreux animaux ont trouvé refuge
dans ce lieu particulier, connu pour son microclimat.
Immersion méditerranée
Certaines personnes ont eu un réel coup de cœur “nature” pour la parcelle et l’ont donc achetée. “On peut observer de nombreux oiseaux, des reptiles… qu’on ne découvre nulle part ailleurs dans la région. Cela s'explique notamment par l’orientation plein sud et les murs en vieille pierre provenant de nos carrières.”
De la Biesmelle à la Ville haute, le dénivelé compte plus de 60 mètres. De nombreux jardins, généralement escarpés, disposent de leur propre source.
Certains propriétaires cultivent des plantes typiques des pourtours de la Méditerranée, comme des kiwis, des figues et des vignes.
“Il y a quelques années, une association française a essayé de cultiver des plantes destinées à la production de cosmétiques. Face à la difficulté d’accès, le projet n’a malheureusement pas tenu”, précise-t-elle.
Des trésors cachés dans ces jardins
La légende raconte également qu’un Thudinien a trouvé un trésor dans une de ses terrasses. Le trésor est actuellement exposé au musée du cinquantenaire à Bruxelles.
Certains jardins ont accès à certaines caves de maison de la Ville haute. “À l’époque, les caves communiquaient entre elles par un souterrain. Ce dernier permettait aux habitants de quitter les lieux via les jardins en cas de malheur. Le passage doit certainement être encore existant”.
Certes, ces jardins ne sont pas accessibles au public, mais la découverte de ceux-ci à travers les ruelles, en pavés et escarpées, méritent réellement le détour. Les curieux pourront y jeter un regard furtif à travers les portes à claire-voie en acier.